Les maquettes du Père Job

Publié le par bricopaolo.over-blog.com

Voici quelques maquettes fabriquées par mon Père pendant sa retraite.
A la fin de la guerre après ses années de captivité, mon Père a commencé à travailler comme  Charron, à cette époque il travaillait avec mon grand Père lui même Forgeron.
Tous les deux, ils fabriquaient des tombereaux, des chars à bancs et autres machines pour les Agriculteurs de la commune.
Les photos qui suivent présentent quelques unes de ses réalisations:

 

Maquette d’un tombereau :

Le tombereau était une remorque tirée par un ou plusieurs chevaux, il permettait à l’agriculteur de charroyer ses récoltes et d’effectuer tous les travaux des champs, ceci jusqu’aux début des années 60, avant l’invasion des tracteurs dans ma commune.
Celui-ci était basculant pour faciliter l’extraction des matières transportées, un système de freinage permettait de contrôler la vitesse dans les descentes.

 

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Maquette d’un Char à banc :

Le char à banc était la « berline » de l’époque, c’était un véhicule léger tiré par un cheval, il était utilisé pour les déplacements, la promenade, pour aller à la foire ou à l’office le Dimanche.  
Il était muni de suspensions à lames qui apportaient un peu de confort aux passagères, un système de freinage permettait également de gérer la vitesse en descente.
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Maquette d’un moulin à lande (broyeur)

A cette époque, la lande était utilisée pour la nourriture des animaux de la ferme, ce moulin servait à broyer celle-ci. 
La lande était présentée dans l’avaloir de la machine, deux rouleaux laminaient la matière et l’entraînaient vers les couteaux tournant qui la hachaient en petites particules.
La lande broyée tombait dans le coffre au dessous duquel elle était extraite à la pelle et utilisée dans la mixture pour l’alimentation des animaux. 
Cet outil était initialement manœuvré à la main, un grand volant d’inertie permettait d’apporter l’énergie nécessaire au fonctionnement,  plus tard il sera actionné par le manège entraîné par les chevaux,  puis plus tard  par le moteur électrique lorsque l’électrification des campagnes sera réalisée.
La partie en bois du moulin était également l’œuvre du Charron, les éléments mécaniques étaient achetés à part (en kit comme on dirait aujourd’hui) puis équipés, le Forgeron affûtait et ajustait les quatre couteaux.
Les couteaux fonctionnaient un peu comme certaines tondeuses à gazon manuelles utilisées encore aujourd’hui.

 

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Maquette d’un moulin à pommes

Ce moulin servait à broyer les pommes pour faire le cidre, après broyage, les pommes étaient placées dans le pressoir pour y extraire le jus, qui, après fermentation deviendra le cidre.
Tout comme le moulin à lande le Charron avait au fil du temps à refaire la partie en bois de la machine.
Celle ci était constituée d’un broyeur mu par un jeu de pignons et une roue à inertie permettant l’entraînement (à la main, au manège ou avec un moteur électrique).
Les pommes étaient versées dans l’entonnoir supérieur, elles étaient broyées puis tombaient en petits morceaux dans le bac du dessous, l’intervenant les mettait dans le pressoir à la pelle. 

 

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Maquette d’un pressoir à cidre

Ce type de pressoir était très utilisé dans les fermes avant l’arrivée des pressoirs hydrauliques déjà plus modernes et plus puissants.
Il était constitué d’une table en bois massif servant à récupérer le précieux liquide lors de la pression.
Cette table était munie en son milieu d’une grande vis permettant le serrage du mouton (gros pièce en bois massif).  
La pression pour extraire le jus de pomme était obtenue par vissage, un peu comme l’écrou d’un boulon.
La roue verticale était manœuvrée par l’intervenant, celle-ci munie d’un cliquet vissait « l’écrou » sur la vis verticale de façon à mettre la pression sur le mouton.
La pression était répartie sur des pièces transversales  puis transmise à la surface à presser.
Les pommes broyées étaient disposées sur de la paille ou dans des toiles de jute très épaisses, le jus de pommes était recueilli dans un baquet en bois avant d’être stocké dans les barriques pour la fermentation et la conservation.
Lorsque la pression maximale était atteinte celle-ci était maintenue plusieurs heures puis on recommençait l’opération après extraction du marc.

 

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Ces métiers oubliés : FORGERON et CHARRON 

Le Forgeron :

Le Forgeron forgeait toutes les parties métalliques appelées : ferronnerie.
La ferronnerie englobait: les fers des roues ou cerclages, l’ensemble des pièces permettant l’attelage des chevaux, les pièces de renfort ainsi que le système de freinage.
Le Forgeron travaillait en binôme avec son ami le Charron qui lui fabriquait essentiellement toutes les pièces en bois, les moyeux, les roues à rayons, les brancards, le châssis, le plateau et les ridelles. Ces deux métiers étaient complémentaires et bien souvent avec le temps, le Charron devenait un peu Forgeron et vice versa.
 

Le Charron

C’était un ouvrier très complet, il était menuisier, tourneur, ajusteur, forgeron, peintre et expert dans le choix et le séchage du bois, car en ce temps là on ne travaillait pas du bois vert.
Réaliser un moyeu de roue, les rayons, la jante était une œuvre de grande précision, la roue terminée devait tourner rond sans voile, être solide pour porter les charges.
La réalisation du moyeu commençait toujours par l’opération de tournage, là, mon Grand Père sortait ses gabarits dimensionnels pour reproduire à l’identique ces pièces maîtresses.
 
J’ai vécu toute mon enfance dans ce milieu où le marteau et l’enclume rythmaient nos journées comme un métronome.
Un souvenir personnel très important, le ferrage des roues et toute sa mise en scène, pour moi c’était souvent la Saint Jean…
En effet les fers étaient empilés les uns sur les autres pour être chauffés dans un grand feu de bois qui durait plusieurs heures.
 
Le fer (ou la bande de roulement) était préparé et appairé à une roue en bois, l’ensemble des fers et des roues stockés dans l’atelier attendait le grand jour, moi aussi car cette journée bien que fatiguante  était à mes yeux un jour de fête.
Les Tontons venaient donner un coup de main, casser le bois, préparer le feu, manutentionner les fers sous les directives avisées du Grand Père qui faisait office de chef d’orchestre durant la journée.
Ma Grand-mère était aussi embauchée pour préparer le repas pour l’ensemble des acteurs, moi je prenais un marteau et à la demande de Grand-père mon protecteur, j’apportais ma petite contribution au succès de la journée.
Mon Grand Père attendait d’avoir un certain nombre de roues à ferrer pour décider cette journée, la bonne météo était également conviée, il ne fallait pas de vent, pas de pluie bien évidemment.
Après la chauffe, le fer dilaté était positionné horizontalement sur la roue puis inséré de force sur la jante au marteau, il fallait être méthodique, précis et rapide pour ne pas rater cette opération, qui s’achevait dans la fosse à eau, le refroidissement immédiatement du fer évitait ainsi de brûler la jante en bois.
En fin de journée, 6 à 8 roues de tombereaux ou de chars à bancs étaient ainsi cerclées, quelques fois une ou deux roues de brouette profitaient de l’occasion.     

 

 

 

 

 

 

Publié dans maquette du Père Job

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R
Magnifique ! un travail de précision ! Continuez vos maquettes, vous avez un immense savoir-faire ! Bravo !<br /> http://maquettes-hippomobiles.over-blog.com/
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P
Merci pour vos compliments, je suis le fils du (feu) maquettiste qui a réalisé ces quelques maquettes du passé, mon Père avait toujours l'esprit inventif ces maquettes lui rappelaient surement sa jeunesse et le plaisir qu'il avait à travailler le bois.<br /> Personnellement je bricole aussi un divers objets: avions, bateaux, voitures, robots et autre pousse vélo...<br /> J'ai été faire un tour sur votre site http://maquettes-hippomobiles.over-blog.com je crois que je peux vous transmettre les mêmes compliments, c'est magnifique.<br /> Je crois que lorsque l'on a une passion comme nous avons, la vie est infiniment plus agréable à vivre, l'esprit fonctionne en permanence sur le projet en cours et sur celui d'avenir..<br /> je vous souhaite encore beaucoup de passion<br /> cordialement<br /> Paul